Luna. La lune n'attend pas.

A 30 ans, je découvre pour la première fois un paysage sous la lumière de la Lune. Ce qui devrait appartenir à une connaissance élémentaire, est alors pour moi, citadine, une totale nouveauté : je veux peindre à tout prix cette sensation de stupeur face à l'intense lumière de la lune jaillissant de l'obscurité.

Mais il est si difficile de nos jours de trouver des endroits préservés de la lumière urbaine : la lumière lunaire est devenue une rareté.

La série Luna, commencée en 2015, découle d'un long processus.

D'abord je dois faire des recherches et repérages de sites ; les lectures de cartes topographiques, l'observation des trajectoires de la lune et de son cycle et une vigilance sur la météo sont nécessaires à la préparation les explorations nocturnes.

Puis, en 2016, je commence les premiers dessins sur le motif. Il m'aura fallu plusieurs années d'exercice de la peinture à l'aveuglette pour maîtriser les couleurs de nuit, les nuances et les contrastes. Comme dans la peinture de paysage d'extrême-orient, la maîtrise technique me permet d'exploiter le hasard.

Peindre la nuit de nuit me permet d'éviter le descriptif, et de peindre la lumière dans la sensation.